Chapitre premier : le paysage intérieur
Qu’est-ce que l’émotion ? Où nous conduit-elle ?
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ?
Faut-il s’y ouvrir, s’y livrer, s’y abandonner ou bien la contrôler, la maîtriser, la discipliner ?
Au final, à quoi sert l’émotion ? Est-elle vraiment utile ? Ne pourrait-on pas s’en passer ?
Pour le savoir, imaginons un instant sa disparition : que serait un être humain sans émotion ?
Il ferait certainement un travailleur modèle, discipliné, performant et efficace, accomplissant impeccablement les tâches qui lui sont assignées, appliquant rigoureusement les instructions reçues ; mais il serait un humain effrayant, froid, rigide, sans état d’âme, prêt à tout pour atteindre ses objectifs, exécuter ce pour quoi il a été programmé, bref un véritable robot.
Aussi l’émotion apparaît-elle comme une fonction essentielle, un bienfait, une sauvegarde ou une protection contre les folies du monde, un signal intérieur nous indiquant notre propre chemin.
L’émotion est ainsi la manifestation de notre principe ou puissance de vie. C’est elle qui nous rend beau, sage et heureux. C’est par elle que nous pouvons aimer et être aimés.
L’émotion est le langage universel, le « sésame ouvre-toi », par lequel nous pouvons être compris, acceptés, appréciés, quelles que soient les langues, cultures ou religions.
L’émotion, irrationnelle, incontrôlable et imprévisible, fascine et attire irrésistiblement l’être humain, qui la recherche à travers toutes ses activités, pressentant intuitivement qu’elle lui donne accès à ce qu’il a de plus précieux, sa sensibilité, son cœur, sa faculté de comprendre et d’aimer.
Ainsi les enfants jouissent sans pudeur de leurs émotions qu’ils vivent intensément, ne songeant qu’à jouer, s’amuser et pousser des cris de plaisir.
C’est bien sûr l’émotion qui parcourt le corps des amants, qui insuffle la vie, qui fonde les couples, les familles et les communautés.
C’est encore l’émotion qui inspire, nourrit et exalte les artistes, comédiens, musiciens, peintres ou danseurs, heureux ou abattus selon qu’elle les visite ou les délaisse.
Même les penseurs, chercheurs, savants et philosophes, sont animés par la passion de la vérité, la soif de savoir et de comprendre (qui sont également des émotions).
Aussi, paradoxalement, l’émotion développe l’ intelligence, car elle exacerbe la sensibilité, rend perceptibles la diversité, la complexité et la subtilité du réel et permet d’en dresser un portrait pertinent ; à telle enseigne que les êtres qui se coupent de leur émotion et de leur intuition, privés de leur intelligence véritable et de leur sagesse personnelle en sont réduits à répéter la pensée des autres et à réciter le credo d’une idéologie rassurante ou à la mode, qui leur sera fatalement étrangère.
En revanche, ressentir et penser par soi-même, s’éveiller à qui l’on est vraiment, c’est devenir un être riche, puissant et créatif, qui développe sa propre vision, invente des solutions innovantes et apporte par-là sa pierre à la transformation du monde.
Mais si l’émotion est une chose tellement merveilleuse, comment expliquer les crimes, les viols et les tortures commis sous l’empire de la haine, le désespoir qui mène parfois au suicide, les multiples peurs qui empêchent d’agir et de se réaliser ?
Comment traiter ou aborder ces émotions inadéquates, injustifiées et irraisonnées ?
On a ainsi coutume d’opposer les émotions heureuses ou positives (la joie, l’amour, le plaisir, la satisfaction, l’émerveillement…) et les émotions douloureuses ou négatives (la haine, la peine, l’angoisse, la jalousie, la culpabilité…).
Tout le monde apprécie en effet la gaîté, l’enthousiasme ou l’affection, mais peu évidemment goûtent la tristesse, la colère ou la peur.
Depuis nos premières années, nous avons pour la plupart, pris l’habitude de nous efforcer d’être parfaits, c’est-à-dire de ressembler aux modèles et de nous conformer aux codes qui nous étaient présentés ; et pour cela, nous avons acquis le réflexe de nier et refouler toutes les émotions qui ne correspondaient pas à l’image que nous avions décidé d’avoir de nous-même.
Or, que se passe-t-il lorsque l’on refoule une émotion ?
Évincée ou écartée du champ de la conscience, l’émotion interdite ne meurt pas pour autant, mais devient simplement inconsciente ; c’est-à-dire qu’elle demeure agissante et continue à influencer les pensées que l’on émet et les actions que l’on entreprend, mais sans que l’on s’en rende compte.
Autrement dit, l’émotion que l’on refuse revient « par la porte de derrière », cherchant sans relâche le moyen de se faire entendre.
Prenons l’exemple de quelqu’un qui s’empêche d’exprimer sa colère, parce qu’il veut donner l’image d’un être constamment serein et souriant, et qui devient peu à peu rigide, acariâtre et dogmatique : son agressivité s’est simplement retournée contre lui-même et contre tous ceux qui ne pensent pas comme lui.
Autre exemple : une personne se sent triste mais ne veut pas le montrer et tient par la volonté en s’efforçant de faire bonne figure. Mais cette tristesse refoulée imprègne chacune de ses paroles et de ses attitudes ; et sa gaîté factice sonne faux, ne trompe personne et finit par exaspérer ceux qui l’entourent.
Beaucoup tentent, par le contrôle et la volonté, de discipliner leurs émotions et leur « mental ». Mais c’est une lutte épuisante, incessante et finalement sans issue, car on ne peut tuer une part de soi.
L’émotion est comme un fleuve qui se dirige vers la mer.
Si l’on bloque son débit il se forme des retenues où l’eau s’accumule. Quand la pression devient trop forte, le barrage cède et les flots se précipitent de façon dévastatrice. De manière analogue, l’émotion retenue finit toujours par se libérer et le fait de façon d’autant plus irrépressible qu’elle aura été longtemps réprimée.
Ainsi plus une émotion est refoulée, plus elle devient extrême et explosive.
Les meurtriers, serial killers et autres psychopathes sont le plus souvent des « monstres froids »: ils ont cadenassé et enfoui leurs émotions et sentiments ; mais lorsque ceux-ci resurgissent, ils sont irrésistibles et incontrôlables.
À l’inverse, les personnalités particulièrement évoluées et avancées, sages, maîtres et grands enseignants de l’humanité, sont des êtres ayant totalement accepté leurs émotions, pleinement ouvert leur cœur, en paix avec eux-mêmes et constamment reliés à leur être intérieur et leur sensibilité, où ils puisent leur inspiration et leurs enseignements.
L’émotion douloureuse n’est donc pas une calamité à proscrire et à fuir, mais plutôt l’expression d’un manque ou d’une souffrance à écouter, prendre en compte et guérir, une piste de connaissance de soi à explorer et dédramatiser.
Ainsi toutes nos émotions, positives ou négatives, heureuses ou malheureuses, constructives ou destructrices, sont finalement de multiples variations ou modalités de l’énergie fondamentale qui habite le cœur humain, c’est-à-dire l’amour ; et en particulier les émotions douloureuses ou inappropriées ne sont rien d’autre que de l’amour blessé.
C’est parce que, à tort ou à raison, l’enfant (que nous fûmes autrefois) s’est senti à certains moments rejeté, maltraité, trahi ou abandonné que son amour envers ses parents ou ses proches a pu se transformer peu à peu en peur, colère ou déception.
Et si les situations traumatisantes ou conflictuelles se répètent des années durant, ces émotions de souffrance vont s’ancrer dans son psychisme et donner lieu à des traits récurrents de personnalité, chez l’adulte qu’il va devenir.
Mais ce processus est réversible, c’est-à-dire qu’il peut s’inverser : de la même manière que l’amour blessé peut devenir peine, haine ou effroi, ces sentiments douloureux peuvent se transformer à leur tour et redevenir bien-être, sagesse et énergie de vie.
En effet, l’émotion est un phénomène naturel, un processus spontané de réharmonisation ou rééquilibrage du psychisme, qui conduit de lui-même à la sérénité et au bien-être, pourvu qu’ on le laisse agir,
Mais accepter son émotion ne signifie pas être dominé ou emporté par celle-ci, en se laissant aller à des actions ou des paroles violentes, excessives ou injustes que l’on regrettera souvent par la suite. Ces agissements inappropriés sont le contraire de la transmutation, car il n’y a ni conscience, ni transformation de l’émotion. Se défouler ne règle rien, aggrave les problèmes et les différends et ne libère pas davantage des émotions problématiques.
Au final refoulement et défoulement vont de pair : c’est parce qu’une émotion a été longtemps contenue et réprimée, qu’elle va se manifester soudainement avec une force incontrôlable et destructrice.
Il existe une troisième voie ou approche de l’émotion, qui va permettre sa dissolution ou sa transmutation : elle consiste à prendre conscience de l’émotion, l’accepter et la ressentir sans en être le jouet ni l’esclave.
Cela signifie revenir à soi et porter son attention non plus sur l’extérieur (la personne ou la situation qui a déclenché l’émotion) mais sur l’intérieur (ce qui se passe dans son propre corps). En prenant conscience de l’émotion et en la vivant corporellement, on cesse de la projeter sur autrui ou sur les évènements ; et comme on ne l’entretient plus, elle s’apaise et se transmute rapidement.
C’est cette surprenante métamorphose que l’on peut qualifier d’« alchimie émotionnelle ».
1 – l’alchimie émotionnelle
Comment transformer ou transmuter ses émotions douloureuses (peur, tristesse, colère…) en joie, bien-être, sagesse et savoir ? Comment mettre en œuvre cette étonnante alchimie intérieure ?
L’image emblématique de l’alchimiste perdu dans un capharnaüm d’alambics, de cornues, de fioles et d’athanors, s’avère bien trompeuse.
Car s’il a bien existé quelques « souffleurs » ou « cuiseurs de métaux », uniquement préoccupés de transformer le plomb en or, il existe aussi une tout autre alchimie, intérieure ou subtile, qui concerne l’être humain lui-même, ses capacités latentes et son possible devenir ; autrement dit, la véritable alchimie décrit de manière imagée le processus de transformation, d’accomplissement et d’éveil de l’humain, qui est son potentiel bien souvent méconnu.
Il convient donc de décrypter le sens réel des différentes expressions du vocabulaire, du bestiaire (comme la fameuse « langue des oiseaux ») et de la symbolique alchimiques.
Par exemple la transmutation des métaux dits vils, comme le plomb ou le fer, en or, métal dit pur, dépeint symboliquement la transformation possible de la tristesse (correspondant au plomb saturnien) ou de la colère (représentée par le fer associé à Mars), en joie, sérénité et conscience (symbolisées par l’or solaire).
Ce que fut précisément l’alchimie intérieure, psychique ou spirituelle pratiquée dans les siècles passés, nul ne le sait avec certitude et cette question fascinante et non-élucidée pourrait donner lieu à diverses recherches, hypothèses et interprétations.
Toujours est-il que la métaphore alchimique décrit très exactement ce qui se produit spontanément, lorsque l’on cesse de combattre une émotion douloureuse, que l’on en fait réellement l’expérience et qu’elle se mue étrangement en douceur et apaisement.
Voici quelques exemples de ce processus.
Un employé de bureau s’énerve à la cafétéria contre un distributeur de boissons, ne lui ayant pas fourni ce qu’il demandait et ne lui restituant pas sa pièce de monnaie. Au moment où il s’apprête à frapper le contrariant appareil, il se dit « si je le frappe, je vais encore me faire mal », ce qui lui est déjà arrivé la semaine précédente.
Au lieu de s’en prendre stupidement à une machine, il prend conscience de sa colère et prête attention à ce qui se passe en lui. Il éprouve à la fois un sentiment d’impuissance et une forte montée d’énergie due à la colère, sensation finalement plutôt agréable. Acceptant son émotion, il observe que sa respiration devient rapide et puissante, puis se ralentit et s’apaise progressivement. De nouveau calme, il s’enquiert d’un responsable pour récupérer sa pièce.
Une femme éprouvant une peur panique des araignées, découvre dans sa chambre d’hôtel cet insecte tant redouté. Plutôt que de se laisser aller à sa panique, elle revient à elle et à son ressenti. Elle s’allonge sur son lit, prend conscience de ses frissons et de sa respiration saccadée. Elle laisse son corps se détendre peu à peu et sa respiration s’harmoniser. Elle se sent soulagée, sa peur a disparu et elle peut capturer l’araignée avec une feuille de papier et la lancer par la fenêtre.
Un homme éprouve un accès de haine à l’égard de sa compagne, parce qu’il se sent méprisé, incompris et humilié par elle. Se rendant compte que sa réaction est excessive, il se met à l’écoute de ce qu’il ressent, au lieu de s’énerver contre elle. Il réalise que sa colère n’est pas nouvelle, qu’elle provient en réalité de sa relation avec sa mère qui le rejetait et le mésestimait.
Derrière sa colère, apparaît une immense tristesse et un sentiment d’injustice. Décidant de faire la paix avec son passé, il laisse ces émotions anciennes peu à peu s’apaiser. Sa tristesse et sa colère sont devenues compréhension et empathie. Il pardonne à sa mère, sent qu’il l’aime néanmoins, comme il aime aussi sa compagne.
Il comprend que pour se faire respecter par celle-ci, il lui faut changer d’attitude : être moins dépendant et infantile, exprimer davantage ce qu’il est vraiment, développer son autonomie et ses facultés d’initiative.
Comment expliquer la transmutation émotionnelle ? Qu’est-ce qui la déclenche, la facilite ou la contrarie ?
L’émotion douloureuse est une réaction-réflexe qui provient du passé, généralement de l’enfance, parce que c’est une période où nous étions particulièrement sensibles, dépendants et vulnérables.
L’illusion d’optique au sujet de l’émotion est de croire qu’elle est due à ce que l’on vit sur le moment, alors que la situation actuelle ne fait que réveiller ou réactiver une charge émotionnelle latente, liée à des évènements plus anciens.
Par exemple, on est exaspéré par un chef cassant et autoritaire. Mais cette colère existait en soi avant même qu’on le rencontre, parce qu’elle provient de relations difficiles dans l’enfance et l’adolescence avec un père qui avait le même comportement.
L’émotion douloureuse n’est donc qu’une éternelle répétition des mêmes comportements, une mauvaise habitude en somme, héritée du passé ; mais c’est aussi l’occasion de s’en libérer, une tentative spontanée de guérison du psychisme, de l’âme ou de l’inconscient.
Aussi longtemps que l’on pense que l’émotion que l’on éprouve provient de la situation présente, cette émotion ne pourra évidemment pas se transformer ou se transmuter, puisqu’elle dépend d’un élément extérieur à soi. Et si l’on se complaît dans des pensées émotionnelles pessimistes, défaitistes ou haineuses, elle ne fera que s’aggraver ou augmenter.
Mais si l’on prend conscience que cette émotion provient en réalité de la mémoire, qu’elle n’est qu’un réflexe conditionné venant du passé, alors on pourra saisir cette occasion pour s’en libérer en l’acceptant, la ressentant et la laissant s’apaiser naturellement.
On reconnaîtra que la transmutation émotionnelle s’opère au fait surprenant que, tout à coup, l’on se sent bien : l’instant d’avant, on souffrait de sa tristesse, de sa colère ou de sa peur et, à la seconde précise où l’on accepte enfin cette émotion, elle cesse d’être douloureuse et devient simplement un phénomène énergétique et corporel, agréable, bienfaisant et guérisseur.
Ce qui va déclencher la transmutation est donc un changement de regard ou d’attitude à l’égard de l’émotion, sa dédramatisation, la cessation du combat contre soi-même et l’acceptation sereine et confiante de ce qui est.
Lorsque l’on renonce à combattre, contrôler ou contenir l’émotion qui cherche à se manifester, se produisent un lâcher-prise corporel, une détente musculaire et un changement respiratoire, exactement comme un profond soupir de soulagement.
Dès que l’on s’autorise à respirer, on ne peut que ressentir l’émotion, qui va se transmuter peu à peu sur l’expiration. Il ne s’agit pas d’une technique particulière de respiration comme on en emploie en yoga ou en méditation, afin de se contrôler ou se discipliner, mais tout au contraire de ce qui se produit spontanément, lorsque l’on abandonne la volonté et le contrôle.
À l’issue de la transmutation, la respiration se ralentit et devient calme, lente, profonde et régulière, laissant apparaître une joie paisible sans motif particulier et une clarification de la pensée.
Il n’est pas nécessaire, pour transmuter une émotion, de retrouver son origine dans le passé, car elle est d’ores et déjà présente à cet instant.
Il arrive parfois que reviennent à la mémoire, en même temps que l’émotion, les évènements du passé qui l’ont fait naître, mais il se peut aussi que l’on ressente des émotions dont on ignore totalement l’origine. L’essentiel, afin de les transmuter, est simplement de les accepter, sans les dramatiser ou les entretenir.
Car le principal écueil à l’égard de l’émotion consiste à être emporté par elle, dominé par elle ou identifié à elle, croyant « dur comme fer » qu’elle est due à la situation présente, alors qu’elle n’est qu’un réflexe mécanique, réactivé par celle-ci. En prendre conscience et laisser être l’émotion va rendre possible sa transmutation.
Une émotion peut en cacher une autre : ainsi derrière la haine, on trouvera le plus souvent la peine ; et derrière la peine, apparaîtra le besoin d’amour, qui se transmutera lui-même en amour.
Il suffit donc de suivre la piste ou le fil de ce qui se présente spontanément en soi.
C’est pourquoi la transmutation émotionnelle n’est pas à proprement parler une technique, mais plutôt un processus naturel qui se produit de soi-même, lorsque l’on n’entrave ou ne bloque pas ses émotions, autrement dit la manière normale de vivre, que l’on a seulement oubliée ou perdue de vue, si l’on a appris à constamment se nier, se contrôler, s’obliger et s’interdire.
La transmutation émotionnelle donne accès à de nombreuses facultés, aptitudes ou ressources intérieures, qui se trouvaient masquées ou inhibées par la présence des émotions douloureuses : intuition, inspiration, sagesse, compassion, discernement, créativité, énergie vitale, optimisme…
En libérant, harmonisant et dépassant les scories émotionnelles, c’est par étapes, une véritable mutation intérieure qui s’opère, une transformation et réorganisation bénéfiques de la personnalité, la création d’un nouvel être qui n’est autre que soi-même.
Voici maintenant quelques indications pratiques pour transmuter ses émotions :
- lorsque l’on ressent une émotion douloureuse ou problématique (peur, tristesse, colère, exaltation, honte…), prendre quelques instants pour revenir à soi. La transmutation peut s’effectuer dans n’importe quelle position ou situation, mais l’idéal est une position où le corps peut se détendre comme la position allongée ou assis dans un fauteuil confortable.
- au lieu de réagir impulsivement à l’évènement qui semble être la cause de l’émotion, porter son attention sur son propre corps et laisser venir ce qui se produit spontanément en soi (tensions, crispations, mouvements, sons, respirations lentes ou rapides…).
- observer son émotion, cesser de la nier ou de la combattre, l’accepter sereinement et s’autoriser à respirer ; dès que l’on accepte l’émotion, le rythme respiratoire change, devient plus ample et plus rapide, puis s’apaise comme un soupir de soulagement.
- l’émotion se transmute alors progressivement en calme, bien-être, énergie et conscience. Parfois une seconde émotion apparaît après la première, et se transmute pareillement.
- si l’émotion ne se transmute pas, c’est soit parce que l’on reste focalisé sur la situation ou la personne qui a occasionné l’émotion, et que l’on alimente celle-ci par des pensées inutilement dramatiques ou anxieuses (la solution est alors de laisser temporairement de côté ses soucis et ses problèmes, pour se concentrer sur son propre corps et le laisser se détendre et se relâcher), soit parce que l’on n’accepte pas son émotion et que l’on veut l’évacuer pour s’en débarrasser (la solution est alors de cesser le combat contre soi, de lâcher prise et de laisser être l’émotion. Car le paradoxe est que plus l’on rejette une émotion, plus l’on en est l’esclave, alors que l’on est libre de ce que l’on accepte).
- le processus de transmutation est particulièrement indiqué dans les moments où l’on peut se détendre et se reposer (réveil, coucher, sieste…) et pendant les insomnies, car on s’éveille souvent au milieu de la nuit pour des raisons émotionnelles ; et c’est un bon moyen pour s’apaiser et se rendormir.
- la transmutation des émotions deviendra peu à peu une habitude, conduisant à adopter naturellement un comportement paisible, détendu, sage et efficace. À mesure que les différentes charges émotionnelles seront dissoutes et transmutées, on pourra observer une augmentation corrélative du bien-être, de la vitalité et de la maturité.